Canal de la Brenta

Origine du nom Brenta
Les populations du territoire traversé par le fleuve l'ont toujours appelé au féminin : << la Brenta >>. L'histoire et les vieux souvenirs des terribles inondations subies par la population de la Vénétie centrale ont adopté le terme < Brentana>> à la place d'alluvions. A l'époque romaine, le fleuve était désigné par << Medacus >> (<<au milieu de deux lacs>>, lacs d'origine et la lagune) Durant le Moyen-Age apparaît le terme <<Brintesis>>, du latin <<gronder>>, rappelant les diverses inondations ou plutôt venant de la souche germanique <<Brint>>(fontaine) ou <<Brunnen>> (ruissellement d'eau). Cette interprétation semble étayée par l'usage dans une partie de la Vénétie du diminutif << Brentella>> pour désigner un petit ruisseau.

Le fleuve Brenta est un cours d'eau du nord de l'Italie. Il prend sa source près du lac de Levico et du lac de Caldonazzo, dans la province du Trentin. Il coule dans la vallée de la Valsugana, traverse la ville de Bassano del Grappa, dans la province de Vicence, arrose les plaines de la Vénétie pourfinalement se jeter dans la mer Adriatique, près de la commune de Chioggia, au sud de la lagune de Venise. Sa longueur est d'environ 160 km.



En longeant le Canal de la Brenta : de part et d'autre s'égrènent les villas où les patriciens vénitiens se retiraient l'été y donnant de somptueuses fêtes :

La Villa Foscari (La Malcontenta)


Sur les rives de la Brenta se trouve l'une des plus belles villas d'Andrea Palladio. Sa façade principale, si on peut la nommer ainsi, devant laquelle se dresse un important portique à colonnes, est tournée vers le canal qui coule devant elle. posée sur un puissant socle, elle offre au visiteur qui s'approche d'elle par voie d'eau un spectacle d'une impressionnante majesté. Cette villa est bâtie pratiquement aux portes de Venise. Elle a été baptisée d'après ses maîtres d'oeuvre, Nicol et Alvise Foscari. Cependant, elle est connue sous le nom qu'elle a emprunté à la petite ville dont elle fait partie : Malcontenta.
Pour orienter la façade principale vers la rivière, Palladio dut rompre avec la tradition et la fait tourner vers le nord au lieu du sud.<<Quand on peut bâtir une villa au bord d'une rivière, c'est une bonne chose, et de plus très agréable, car on peut à tout moment transporter un peu de frais, les récoltes en bateau vers la ville. De plus, il semble que la rivière rende beaucoup de services sur le plan ménager ainsi que celui de l'entretien des animaux; mis à part le fait qu'elle dégage de la fraîcheur en été et qu'elle offre une vue magnifique. Avec grande efficience et esthétique, on pourra arroser les terres, surtout les jardins décoratifs et les potagers qui sont profitables à l'âme de la villa et au divertissement>>. C'est ainsi que s'exprime Andrea Palladio au sujet de ses réflexions concernant le lieu le plus propice pour construire une villa. En ce qui concerne la Malcontenta, on peut sans scrupules négliger l'aspect utilitaire. Nicol et Alvise Foscari firent construire leur villa entre 1559 et 1560 en tant que résidence de campagne. Les communs, qui sont nécessaires pour compléter une villa, manquent totalement. Il est vrai qu'au XVlle siècle, on ajouta un complexe de communs à Malcontenta, qui est de nos jours complètement détruit. Ainsi, la villa se trouve actuellemnt de nouveau sous sa forme initiale. C'est sans un soupçon d'ironie que l'on est tenter d'utiliser, pour désigner Malcontenta, le terme d'Alvise Zorzi de <<villa-temple>> destiné aux villas de Palladio. En effet, tout comme la villa Barbaro à maser, elle semble avoir été dévelopée dans un programme religieux, et ceci non seulement à cause du motif emprunté à l'architecture des temples antiques, à savoir le portique à colonnes couronné d'un fronton. La transmission d'une conception antique et chrétienne était tout à fait familière à la pensée humaniste; on voyait en la religion chrétienne l'hétitière des religions antiques, et c'est pourquoi l'apparition continuelle de formes antiques ne contredit nullement les féflexions concernant l'utilisation d'un programme religieux.
Lorsque l'on entre dans la villa par la porte, on se trouve directement dans la salle principale du bâtiment. On peut comprendre l'orientation de la grande salle d'après des plans cruciformes en tant que reprise du principe consistant à centrer toutes les forces de l'ensemble des pièces sur la grande salle, principe ayant déjà servi de base dans la villa Cornaro. Dans la disposition des pièces, qui se déploie autour de la grande salle, on remarque une fois de plus les rapports liant Palladio aux harmonies mathématiques : le développement de l'espace s'effectuepar un renchérissement continu du volume des pièces en partant de la base d'une unité de mesure, fixée par la pièce précédente, et déterminant les mesures de la suivante. Au moyen de cette disposition des groupes de pièces, la forme de croix est dissimulée, étendue à un rectangle longitudinal, et n'est absolument pas visible de l'extérieur. La grande salle du piano nobile ne puise donc pas sa dominance dans une correspondance avec la forme extérieure de la Malcontenta, qui semble pousser d'un bloc cubique, mais bien davantage dans le moment centreur intrésèque qui parvient à subordonnerrégnant à l'intérieur de l'ensemble des pièces. Comme la Malcontenta est orientée vers le nord, la grande salle est éclairée par le côté le plus lumineux, c'est à dire le côté sud. Palladio semble avoir utilisé cette connaissance. Le côté situé en face de l'entrée est presque tranformé en mur de lumière. Une grande verrière épouse la forme de la voûte. Au dessous de celle-ci se trouvent trois autres fenêtres intégrées à une architecture en trompe-l'oeil, réduisant à un minimum le mur normalement ressenti comme limite. Ce mur de lumière permet une véritable inondation de lumière dans cette salle et souligne ainsi la concentration des forces spatiales qui s'effectue en son centre. Du fait que l'on entre directement dans cette salle par la porte d'entrée, sa fonction est publique. Les éléments décoratifs sont nombreux en conséquence. Selon les critères de la villa idéale, les peintures traitent de thèmes de la mythologie antique, et sont encadrées d'une architecture en trompe-l'oeil. A cet endroit, le fusionnement de l'architecture intérieure et extérieure nous apparaît comme un tout harmonieux. L'architecture, dont la peinture nous donne l'illusion, est d'ordre ionique, de même que l'ordre du piano nobile sur la façade principale. Comment ce fusionnement parvient-il alors à se manifester au niveau des façades ? Commençons par la façade principale. Son aspect extérieur est déterminé par le portique qui lui-même tient compte des mesures et de la position du socle de la villa, et s'étend sur une profondeur de trois entrecolonnements. La largeur de la loggia correspond à la largeur totale de la salle centrale. On a nettement rendu visible la limite située entre le piano nobile et le rez-de-chaussée, et d'autre part celle se trouvant entre le piano nobile et l'étage des mezzanines par des listeaux de diverses couleurs marquant les différents étages sur la façade modérément rustiquée. L'ordre ionique des colonnes, avec leurs chapiteaux se déroulant vers le bas sur les côtés, souligne la tendance, à la délimitation.Les arcades du portique s'élèvent à partir du socle du bâtiment en saillie jusqu'au listeau marquant la limite supérieure du piano nobile. Encore davantage que pour la Villa Cornaro, la loggia de la façade principale de la Villa Malcontenta revêt la fonction de délimiter un compartiment du bâtiment subordonné à l'ensemble, tout en soulignant le caractère de dignité de cette pièce, dont elle se charge de la représentation. A la Malcontenta, la subordination de ce compartiment de bâtiment se détachant du reste est aussi renforcée par son renforcement supplémentaire dans la profondeur du mur : à cause de l'épaisse console de listeau situé entre les étages du paino nobile, l'étage des mezzanines donne l'impression de se retirer vers l'arrière.
Ce même principe de subordination, même s'il est produit par d'autres moyens, caractérise la façade tournée vers le jardin. Les listeaux de couleurs différentes séparant les différents étages délimitent ici aussi le piano nobile, et ici également, une partie de la façade, correspondant à la largeur de la loggia, ewst mise en saillie avec la surface du mur, et met ainsi la salle du piano nobile en valeur. Le fronton de la façade principale est cependant remplacé par un fronton ouvert se reliant harmonieusementavec la forme montante de la verrière.